[RP] Sylënce : Une nuit au berceau de l'hiver

Tout à son combat farouche, elle n’entendit ni ne sentie la présence de la nouvelle venue. Elle était bien trop concentrée sur les griffes et les dents de l’ours. D’un coup de patte rageur il lui fit sauter sa dague de la main, lui ouvrant le poignet. Ses vêtements blancs se tintèrent de rouge et elle roula dans la neige. Elle parvint tout de même à éviter la bête qui allait l’écraser au sol. Elle transpirait et ses vêtements lui collaient à la peau. Une épaisse fumée blanche sortait de sa bouche alors qu’elle tentait péniblement de reprendre son souffle. A nouveau l’ours gifla l’air en poussant un grondement rauque. Elle n’esquiva que de justesse. Une mèche de ses cheveux bleus tomba doucement sur la neige. D’un violent coup de pied à la mâchoire de l’animal elle parvint à se dégager et se relever. L’ours se leva alors sur ses pattes arrière et la défia de toute sa hauteur.
« Il est encore plus grand que le tauren d’hier » pensa t-elle. L’ours blanc se laissa retomber, l’air visiblement décidé à en finir. Il chargea brusquement et envoya valdinguer l’elfette au sol. Impossible de se relever « C’est la fin ma vieille. »

Un éclair noir, un feulement glacial, arrachèrent alors un hurlement de douleur au quadrupède. La panthère surgit de nulle part s’accrochait au cou du mammifère cherchant sa jugulaire… Un trait rouge macula soudain la neige. La fourrure de l’ours devint écarlate. Il se débâtait. Une volée de flèches vint le transpercer avec une précision chirurgicale. Il s’effondra sur sa victime pétrifiée.
Le calme revint. La panthère noire retourna aux côté de sa maitresse qui avançait calmement.
_Encore un instant et le silence eut été définitif ma chère sœur.
_Très drôle. Aide-moi à me relever s’il te plait.
_T’es vraiment plus rien hein. Ma pauvre vieille t’es plus que l’ombre de toi-même.
La chasseresse tendit la main vers sa sœur et la releva sans ménagement.
_Merci.
La voleuse dut faire un effort démesuré pour ne pas retomber.
_Ton bras est dans un sale état. La nouvelle venue sortit un pansement de son sac. Attrape ça !
S’asseyant sur un rocher enneigé, Sylënce repris son souffle et commença à se bander maladroitement le bras.
_Quelle pitié fit sa sœur. Tu veux de l’aide ?
Pas besoin de réponse.
_Donne moi ça. Coupant dans le tissu, elle confectionna un bandage adapté qu’elle enroula autour du bras de sa sœur.
_Sérieusement tu ne m’as vraiment pas vu arriver ?
_Non.
_Bah mince alors. N’importe qui pourraient te faire la peau ici.
_Personne ne vient ici. T’es la première que je vois.
_Personne ?
_Ah si un tauren hier. Et tu sais le comble ? Il avait peur.
_Si ca se sait tout ceux sur qui tu as tapé viendront t’écharper.
_Bah tu seras là.
_Plutôt mourir ma vieille.
_Venant de toi je prends ça comme un oui.
La chasseresse rangea ses affaires dans son sac. Elle avait vu bien des choses, et dernièrement des choses terribles. Nombre de fois elle avait tué, et reçu des coups. Elle avait vu ses amis mourir. Ses parents massacrés par la sœur dont elle était justement en train de prendre soin. Mais jamais elle ne s’était sentie aussi effondrée. Sa sœur n’était plus qu’une loque, incapable d’affronter un ours, tenant à peine sur ses jambes. Il fallait l’aider pour se poser un pansement. « Jamais je ne deviendrais comme ça » pensa t-elle.

_Qu’est ce que tu cherches ? demanda t-elle à sa sœur qu’elle voyait scruter le sol.
_Ma dague. Cet enragé me l’a fais voler. J’ai déjà du mal avec alors à main nue…
_C’est moi qui l’ai. Je l’ai ramassé. Attrape ! Elle ne put empêcher un sourire lorsqu’elle vit avec plaisir qu'elle parvint tout de même à attraper le couteau sans le laisser tomber.
_Qu’est ce qui te fais rire ?
_Rien laisse tomber. Son sourire s’effaça bien vite.

Sylënce rangea sa dague et retourna s’assoir. « Quelle journée ». Elle se sentait étrangement bien dans cette région. Ce froid ambiant qui la tenait comme en léthargie. Elle s’y était habituée, il la revigorait tout en la laissant bizarrement engourdi. La lune faisait briller la neige de milles éclats chaque nuit. Elle savait que les jours étaient un peu plus animés, mais elle dormait à ce moment de la journée et ne s’en souciais guère. Ce n’est que le soir, à son réveil qu’elle apercevait les traces diverses laissés par les créatures passés par là alors que soleil tenait sa place dans le ciel.

_Dyane ?
_Mmh.
_Qu’est ce qui s’est passé après la bataille.
_Oh pas maintenant. J’ai pas le temps. Rivelune m’attend et…
_Je t’en pris.
_Ha ! Ne me regarde pas comme ça ou je t’envoi une paire de baffes en prime !
Elle s’approcha.
_Qu’est ce que tu te rappel en dernier ?
_Orneval. Sergueï affrontant les armées de Makar. Y’avait aussi un groupe mené par une réprouvé. Ensuite c’est le trou noir.
_Bah c’est là que t’as pété les plombs.
_Vas y raconte.

La lune étincelait dans la nuit, comme protégeant le moment. Au loin, un hurlement se fit entendre. Une brise légère faisait rouler de petits filets de neige sur le sol. Une nuit tranquille au berceau de l’hiver.