Sylënce et Dévoreur: La mort vous va si bien

Alors que la nuit descend doucement sur Azeroth, à l’autre bout de l’univers, en haut d’une cascade, à Nagrand, Sylënce attend.
De tout ce monde, il a choisi celui qui s’en doute lui ressemble le moins, la partie la plus préservé. Tilmaclya doit avoir raison pense t-elle. Même mort il reste humain.
C’est à cet instant que l’air se trouble. Dans un froissement d’air, une wiverne dépose son maître au sol. Dévoreur, s’avance. Drapé dans une robe rouge sang, dans une attitude des plus nobles, autant qu’un être tel que lui puisse dégager.
_Tu voulais me voir ? Demande t-il sur un ton perfide.
_En effet.
_Pourquoi ?
_ Comment es-tu mort ?
_Je ne me souviens plus. Répond-t-il visiblement troublé par une question à laquelle il ne s’attendait pas.
_J’ai bien réfléchis pendant ton absence. Je me posais la question de savoir pourquoi j’avais tellement la sensation de te connaître.
_Et ? Tu as trouvé la réponse ? Son haussement d’épaule trahi une légère déception quant au sujet de cette rencontre. Une déception qui allait vite s’envoler.
_ Peut-être. Pendant longtemps j’ai crus que mon premier souvenir avait un rapport avec un orc. Je me trompais. Ce n’était pas un orc mais un homme.
_Je ne comprends pas.
_C’était a peu près à l’époque de la chute de Lordearon. Un peu avant ou un peu après je ne sais plus. J’étais dans la forêt quand j’ai entendu ses cris et ses beuglements. Je l’ai tué sans même qu’il me voit. Depuis notre première rencontre toute cette histoire est brouillée. Des images me reviennent. Ce n’était pas un orc…. C’était un humain. Et je l’ai tué.
Se relevant brusquement le reprouvé fais un pas en arrière.
_Tu veux dire que…..
_Comment es-tu mort Dévoreur ?
Gardant les yeux fermés, Sylënce sent le mort vivant perdre de sa belle assurance. Pas longtemps. Il se ressaisit
_Tu m’aurais tué ?
_Pourquoi toi et moi avons nous une telle sensation de nous connaître ? Je n’ai pas d’autre explication.
Le réprouvé reste silencieux.
_Certains guerriers disent qu’on ne connaît personne mieux que celui qu’on affronte.
_Je me suis battu contre énormément de monde.
_Mais tu ne les as pas tous laissé en vie.
Dévoreur s’arrête de parler un instant. Il reprend avec un sourire narquois :
_A vrai dire tu es la seule que j’ai laissé en vie.
_Moi même il y a quelque jour j’aurais pu te clouer sur place ici même à Nagrand. Sans même que tu ne sache qui était dans ton dos.
Rageux, le né deux fois se fais moquer.
_Hé hé. Par ce que tu crois sérieusement pouvoir me tuer ?
_Je crois que je t’ai déjà tué Dévoreur, rétorqua la voleuse, un sourire se dessinant sur ses lèvres.
Restant quoi un instant, il retrouve vite son assurance
_Pourquoi as-tu fais une telle chose ?
_Je n’en sais rien.
Un instant les deux ennemis, restèrent sans rien dire les yeux dans les yeux. Une communion parfaite, un couple en symbiose, lié par la haine, la violence et la mort.
_Dévoreur ?
_Mmh ?
_J’ai une question.
La regardant enlever ses épaulettes et son armure de cuir, il la rejoint dans l’eau cristalline ou elle viens de s’assoire. « Oui ? »
_Pourquoi Hyann et toi n’avez-vous pas pu capturer mon âme ? Vous faites partie des plus puissants démonistes. Et je n’ai rien fais pour l’empêcher.
_Hyann pense que tu n’as pas d’âme.
_Et toi ?
_Je pense que tu en as deux. Nos pouvoirs sont ainsi perturbés et nous ne pouvons la capturer.
_Deux ?
_Ta part d’ombre sans doute.
_D’ombre ? Nelthyres m’en parle souvent.
Dévoreur laisse alors échapper un gloussement sadique.
_Qu’est il pour toi maintenant ?
_Un déjeuner. Rien de plus.
_Je vois. Répond-elle en laissant échapper un sourire narquois.
Dévoreur reprend :
_Tu ne sent pas cette ombre en toi ?
_Non.
_Pourtant moi je la ressens fortement.
S’aspergeant le visage d’eau, Sylënce observe Dévoreur qui tourne en rond. Calme d’extérieur elle perçoit tout de même le doute qui s’installe en lui.
_Dévoreur je suis désolé d’avoir mis fin à tes jours.
_Je ne regrette pas mon état, rétorque t-il sèchement. En plus j’étais peut-être une belle pourriture ? Peut-être même as-tu du me tuer car je commettais quelques crimes.
Cette dernière réflexion conforte la voleuse dans son impression. Au fond de lui, cet être violent et sans scrupule gardait des valeurs bien humaines quand à la notion de bien et de mal, et de la punition que ce dernier doit nécessairement recevoir.
_Le souvenir n’est pas complet, reprend la kaldoreï. Quand tu t’es effondré, j’ai vu la petite fille. Elle me fixait, ses yeux révulsés par la peur et le désespoir. Elle s’est enfuie. Je ne l’ai retrouvé que le lendemain, sans vie. Elle avait été tuée par les loups. Dans ta main tu tenais une poupée. Ce que je prenais pour des beuglements d’orc agressif étaient en fait des cris et des rires d’homme. Un homme qui jouait et qui faisait rire une petite fille….
_....
_La petite fille était une elfe.
A cet instant, la confusion est totale dans l’esprit de Sylënce. Qu’étaient ils l’un pour l’autre ? Des ennemis ? Ils avaient au moins une partie de leur passé commun. Ou tout du moins un événement qui les liait.
_Comment expliques-tu que tu ais eu le souvenir d’avoir tué un orc ?
_Elunia.
_La prêtresse ?
_Oui. J’imagine qu’elle a juxtaposé l’image d’un orc à mon souvenir. Les prêtres manipulent les esprits et elle est particulièrement douée à ce niveau.
_Afin de t’empêcher de culpabiliser. Et de garder ta part d’ombre sous contrôle. Intéressant.

A ce moment Dévoreur fixa Sylënce.
_Astranaar est attaqué.
_Pourquoi me préviens-tu ?
_Tilmaclya va aller sur place. Promet moi de la protéger ?
Enduisant ses lames de poisons, la voleuse respire un grand coup.
_Je te le promêt.