Sylënce : Il y a pire que la mort

Sylënce marche sur le sable du lent reflux. Au travers de ses yeux vides, la grève déserte a la couleur d’un sous vêtement trop longtemps tenu à l’écart de la lessive, et les coquillages qui la jonchent se fondent dans sa grisaille. Cà et là, saillant d’un sable grossier mêlé de galets, de gros rochers voient leur ancienne couche d’un jaune de dents fossiles, éclaboussées de blancs par les déjections plus fraîches des oiseaux marins.
A coté d’elle, une bande de Murlocs s’affaire autour de la carcasse d’un batteur échoué. Elle tombe.
Etendue sur le sable, l’eau fraîche détrempant ses bottes, partant à l’assaut de ses cuisses et de son ventre, Sylënce se sent basculer dans les abymes…. Le passé ? Le présent ? Quelle impression étrange de sentir son esprit se retourner sur lui-même et de fouiller en soi.
Totalement déconnectée de la réalité, elle ne voit pas l’œil de Killrog qui la regarde sans bouger.
Le courageux murloc qui salivait depuis quelques instants devant ce corps immobile se fige…. Puis tombe face contre terre ainsi que tous ses congénères. De son pas disloqué, puant la mort, Dévoreur s’avance.
Qu’est ce qui le retiens de la tuer ? Sylënce sent une présence, de la douceur puis une grande chaleur…. Un druide ? Elle s’éveille.
Tilmaclya lui sourit. Le réprouvé recule d’un pas.
Scène totalement irréaliste, seulement rythmée par le clapotis des vaguelettes qui s’échouent sur le sable.
Revenant petit à petit à la réalité, Sylënce prend conscience qu’elle n’est pas armée.
_Il est calme. Dit alors la jeune druide.
_Oui je vois.
Soudain le Dévoreur fait volte face. Sylënce lève les yeux et voit ce qui le fait courir. Se précipitant derrière lui, elle le rattrape juste à la lisière de la forêt :
_Ne la touche pas !
Au pied de l’abomination, une druide, gît inanimée. Se penchant doucement sur elle, la voleuse la secoue avec douceur :
_Hé. Rêvelune. Réveille toi.
La druide revient à elle en sursaut, et tremblante de peur se cache derrière Sylënce.
D’une voix puissante et macabre le reprouvé parle enfin :
_Rhaaa. J’ai trouvé de quoi apaiser ma faim !! Ha ha ha !
Comme pour mieux appuyer ces mots, une odeur putride s’échappe de ce qui lui reste de bouche.
Alors que Tilmaclya allait réagir la voleuse se fait menaçante.
_Dévoreur ! Si tu la touche, je te promet que tu regrettera ce jour durant l’éternité.
Eclatant de rire, la chose se tourne vers Tilmaclya :
_Pour toi ma douce, si tel est ton désir je la laisserai.
Sentant la peur de la jeune elfette dans son dos, Sylënce se tourne vers elle :
_Laisse nous. C’est plus prudent.
Acquiescent, Rêvelune quitte alors les lieux.
Menaçant, le réprouvé se tourne alors vers la voleuse
_Sais-tu seulement que je pourrais raser Auberdine pour faire mon festin ?
_Je te l’ai dis. Fais cela et tu maudira ce jour durant l’éternité.
Dévoreur part alors d’un rire éclatant
_Ne vois tu donc pas à qui tu parles ?
_Si. Mais il y a pire que la mort. Et c’est en me battant contre toi que j’ai appris ça.
Sur de lui, le Dévoreur se rapproche alors. Son haleine puante venant alors couvrir toutes les autres odeurs environnantes.
_Je te détruirais.
_Tu ne l’a pas fais la première fois. Et je sais pourquoi. Tu as besoin de moi, comme j’ai besoin de toi.
_Ha ha ! Tu es perspicace.
La dessus la druide s’avance.
_Je ne comprends pas. Qu’est ce qu’il cherche avec nous ?
_Il était un humain. Ce qu’il recherche…. Ce sont les sentiments.
_Hein ?
La dessus, le démoniste recule d’un pas. La voleuse reprend :
_Chez toi il ressent une chaleur jusque là oubliée.
Se tournant vers Dévoreur :
_Ca s’appel l’amour Dévoreur.
_NON ! Tais toi. Je ne connais pas l’amour. Tu parles sans savoir. Dit il en s’approchant menaçant.
Le repoussant violemment :
_Ca s’appel l’amour.
_Rhha !!!
A ce hurlement, une bouffée de chaleur envahi les lieux. Quelques feuilles fumantes tombent au sol.
Pas rassuré, la druide demande alors :
_Mais alors ? Que trouve t-il à ton contacte ?
Fermant les yeux :
_La peur. L’amour et la peur sont les sentiments les plus extrêmes. Ceux qui font que l’on se sent vivant.
_TAIT TOI ! Je ne ressens ni l’amour ni la peur. Je vais raser Auberdine maintenant !
_Essaye seulement et comme je te l’ai dis tu regrettera ce jour durant l’éternité.
_Tu ne peux rien face à moi. Essaye seulement de m’en empêcher ! Mais ? Que fais-tu ?
Pendant qu’il hurlait au monde ses menaces de mort, Sylënce entrait dans l’eau.
_Que fais tu ?
_Touche à un seul être vivant….. ET je te prive de tes sentiments à jamais ?
_QUOI ? Qu’est ce que tu racontes ?
Tilmaclya à son tour entra dans l’eau :
_Elle dit qu’elle va se noyer. Avec sa mort tu y perdras ce que tu ressens. J’aurais du y penser moi aussi.
_NON ! Arrête !
D’une voix sûre la voleuse reprend :
_Je te l’ai dis il y a pire que la mort.
_....
_Décide. Je sors de l’eau ? Où est ce que je meurs maintenant ?
_Sors. Répondit immédiatement le démoniste. Je ne toucherai à personne.
A ces mots, les deux elfes regagnent la plage. C’est là que l’abomination reprend :
_Je vais prendre ton âme. Ainsi tu seras à moi et les sentiments que je ressens également. HA HA HA !
La voleuse esquisse un sourire.
_Hyann a essayé hier à Astranaar. Il n’a pas pu.
_Hyann est très fort. Il est doué. Mais pas autant que moi.
A ces mots, un éclair d’ombre enveloppe Sylënce qui sent sa vitalité fondre comme la neige sous un soleil d’été. Fous de rage, le démoniste porte son attaque à une vitesse que son allure disloqué n’aurait pas laissé prévoir. Pourtant :
_C’est impossible ! Comment fais-tu ? Tu es au bord de la mort mais je ne peux prendre ton âme.
Péniblement, l’elfe se redresse :
_Moi non plus je ne sais pas. J’espérais que tu saurais me répondre.
Frémissant le démoniste recule.
_Ca s’appel la peur Dévoreur, dit l’elfe en souriant. C’est ce que tu ressens face à moi.
Impuissant face aux deux elfes, le réprouvé fit surgir des flammes de l’enfer, Dante son destrier de flammes.

A ce moment précis, Sylënce compris que quelque chose changeait : Dévoreur, Tilmaclya et elle-même étaient liés. Trio de haine, d’amour, de peur…. Le bien, le mal… Une confusion certaine.