Sylënce : Maintenant dorss.

Ce n’est qu’une petite fille… Ce n’est qu’une petite fille…

La prêtresse se répète cette phrase dans sa tête. Devant elle, le cadavre, ou plutôt ce qui reste du corps de Thendàlë gît misérablement. Une bouillie flasque, mélange de sang et de chair, qui se disperse sous l’action de la pluie battante. La vague d’ombre lancé par Sylënce ne lui a laissé aucune chance.

Non. Ce n’est pas Sylënce. Cette silhouette lui ressemble. Elle lui ressemble à s’y méprendre. Il y en a deux. Comme si l’enfant s’était dédoublé.

Mais Elunia n’a pas le temps de réfléchir plus longtemps. Il faut maintenant faire face. Elle a la charge de la petite fille à ses côtés. La sœur de Sylënce. Dyane.
Dyane justement. Où est-elle ? Elle a disparu. Elle…

- NON ! Dyane, reviens !

Trop tard. La petite elfe s’avance vers Sylënce et cette silhouette de mort, les yeux pleins de larmes et de rage.

- Tu as tué maman ! Tu les as tués !

Face à elle, l’ombre sourit.

- Oui. Et toi ma sœur, c’est ton tour.

Avant qu’Elunia ou Dyane ne puissent réagir, la silhouette s’enfonce dans le sol. Une tache noire se répand dans les herbes qui se mettent à fumer. Juste à côté de Dyane, un arbre immense, présent ici avant même l’arrivée des Kaldoreï sur ce monde se noircit et meurt instantanément comme s'il avait vieilli en une fraction de seconde. Des éclairs d’ombres surgissent alors du sol, repoussant la pluie vers le ciel, engloutissant Dyane qui disparaît à la vue d’Elunia. La prêtresse reste pétrifiée devant cette vision de cauchemar… Elle n’a rien. Dyane n’a rien. La magie d’Ombre n’a eu aucun effet. De la même manière que l’explosion de magie quelques temps auparavant l’a laissé totalement indemne, Dyane n’est pas affecté par l’attaque d’Ombre. Avec un cri de rage, la silhouette d’ombre regagne alors le corps de Sylënce qui se précipite vers sa sœur, une lame brillante à la main.

- Tu ne crains pas mes pouvoirs, voyons si tu résistes à cette lame !

Soudain Sylënce se fige. Elle lâche la lame et n’écoute plus que la voix de la prêtresse.

- Sylënce, écoute ma voix.

D’une voix calme et douce, Elunia, concentrée sur l’esprit de Sylënce, apaise l’enfant.

- Maintenant, dors.