On aurait pu croire que tout commença au milieu de ces contrées éloignées de tout, loin là-bas, à l'extrémité du monde. Au milieu de ces forêts emplies de mystères, si denses que le jour ne voit jamais le sol.
Mais non.
Tout commença dans une forêt, en effet. Une forêt elle aussi emplie de mystère. Une forêt si souvent baignée dans la pénombre qu'elle en a pris le nom. Au milieu du brouhaha sans fin des Humains, une étrange silhouette quitte Sombre-Comté. Bien que loin de chez elle, l'elfette se sent à l'aise. Une épaisse forêt, une pénombre continue et... des Worgens. Ces hommes-loups qu'elle traque depuis Orneval.
C'est alors qu'un murmure glisse d'arbre en arbre, se répand dans les bois. Un murmure que les Humains n'entendent pas, mais qu'elle reconnaît immédiatement pour l'avoir si souvent entendu. Un Elfe va mourir.
Changeant brusquement de direction, elle court à travers les bois. Avec l'agilité caractéristique de son peuple, elle se déplace comme portée par la Nature elle-même, laissant sans réaction les araignées et les loups qui peuplent les lieux.
La Colline aux Corbeaux, son cimetière. Lieu poisseux, où flotte perpétuellement une odeur de mort.
Ce n'est pas un mais une Elfe. Une prêtresse d'Elune. Elle va perdre l'équilibre, mais se rattrape. Son regard fièr ne laisse transparaître aucune peur. Dressant son bâton, protégée par son bouclier de lumière, elle se jette sur l'Orc qui lève une hache qui pourrait fendre la pierre. Dans un instant elle sera morte.
Pendant un instant, le temps se fige. La lourde hache dressée vers le ciel tombe et se fiche dans le sol. L'Orc ne bouge plus... Il s'écroule face contre terre.
Comme si la situation était des plus normales, comme si rien ne s'était passé, la prêtresse réajuste sa robe à peine tachée.
- Merci, lache-t-elle d'une voix grâcieuse et ferme.
Nettoyant sa dague, la voleuse relève la tête en souriant.
Laissant le corps de l'Orc servir de festin aux goules du cimetière, les deux Elfes s'éloignent de ces lieux macabres.
- Je suis Rivelune, dit la prêtresse en tendant la main.
- On m'appel Sylënce.