Le vent souffle à ses oreilles, son rythme est régulier. Sa lourde hache dans son dos fait cliqueter sa cotte de mailles, laissant goutter à terre le sang de la jeune elfette qu'il a mise en pièces. Une guerrière de moins chez les elfes. Cette folle pensait-elle vraiment pouvoir faire quelque chose contre lui? Sans arrêter sa course, l'orc laisse échapper un rire macabre. Bientôt le Poste de Bois-Brisé. La peau verte s'arrête soudainement. Une silhouette, face à lui, un arc à la main. Instinctivement il repart vers le sud. Il n'aura pas le temps d'en venir à bout suffisamment vite avant l'arrivé de ses poursuivants. La région de Gangrebois au nord est trop dangereuse, les Tarides sont la meilleure solution. Il court à perdre haleine. Un regard par dessus l'épaule, son pas lourd martelant le sol, il manque trébucher. La silhouette court derrière lui... Il ricane. Les gardes de la frontière n'en feront qu'une bouchée. La barricade est juste là. Il est sauf. Orneval est derrière lui, les grunts orcs montent fièrement la garde. La Horde est puissante. Une courte halte pour reprendre son souffle et saluer les gardes : "Pour la Horde!"
Faisant abstraction du soleil brûlant qui baigne la région, le guerrier reprend sa course vers la Croisée. Là-bas, il profitera de l'auberge et partagera ses exploits sanglants avec ses fiers compagnons. La route est déserte, seuls quelques raptors et gazelles viennent animer les alentours de la manière la plus sauvage qui soit. La Croisée est maintenant à portée de regard. Alors qu'il va laisser échapper un hurlement sauvage, l'orc est stoppé dans sa course. Sous le choc, il manque de s'effondrer, ses jambes perdent en force. D'un geste rageur il arrache la flèche qui vient de lui transpercer l'épaule. Impossible de reprendre sa course. Une douleur dans le dos lui remonte l'échine, il sent le poison de la flèche se répandre, son souffle se fait plus court. Les gardes sont justes là. Ils l'ont vue et courent à sa rencontre. La troisième flèche est surpuissante. Il s'effondre à l'entrée du village, fier tout de même d'avoir contribué à la grandeur de la Horde.
Orneval s'agite. Les cris des elfes se répandent dans la forêt, un guerrier peau verte tend des embuscades. Les murmures des feuilles des arbres rapportent qu'il se dirige vers le Poste de Bois-Brisé. Rejoignant la route, l'elfette attend, l'arc à la main. Jamais il ne se vantera de ses méfaits. Il arrive. L'orc dans toute sa splendeur. Bruyant, grossier et laid, une armure tachée de sang. Avant d'être à portée la lourde silhouette part vers le sud. Pas besoin d'être à portée de vue pour suivre un orc. Son pas lourd laisse des traces suffisamment visibles. L'elfette se lance à sa poursuite. Une voix derrière elle : "N'y allez pas! C'est les Tarides là-bas! Les grunts de la frontière ne vous laisseront pas passer".
La chasseresse n'écoute pas et se lance à la poursuite du guerrier. Ces imbéciles d'orcs n'auront sûrement pas réparé la brèche coté est. Quittant la route, contournant les gardes Chanteguerres, elle rejoint la palissade délimitant la frontière. La brèche est toujours là. Enjambant souplement les monticules de bois effondrés, l'elfette entre dans les Tarides. Le guerrier est là. Mais trop loin pour être à portée de tir. L'elfette augmente son rythme de course. Il faudra le tuer avant qu'il n'atteigne la Croisée. Un instant elle commence à penser que sa proie va en réchapper quand soudainement, il s'arrête. Il est à portée. La première flèche part et touche au but. L'orc sous le choc a du mal à reprendre sa course. La deuxième flèche enduite de poison fait mouche également. La Croisée est juste là et les gardes l'ont vu. La troisième flèche doit le tuer ou il lui échappera. Dans un sifflement, la flèche fend l'air et se plante dans la nuque du guerrier qui s'effondre lourdement, dans un nuage de poussière. L'instant est comme figé, l'elfette laisse échapper un sourire. Il va falloir maintenant échapper aux deux gardes qui foncent sur elles armes à la main. Faisant demi-tour, elle repart vers le nord, sentant le souffle chaud de ces bêtes puantes dans son dos. Mourir pour mourir autant que ce soit de face. Faisant volte face, elle bande son arc. L'orc lève sa hache et s'écroule soudainement sans vie. Avant qu'il ai le temps de réagir, le deuxième mord la poussière à son tour.
_ Bonjour Dyane.
_ Toi? Je suppose que je dois te remercier.
_ C'est surtout elle que tu dois remercier. C'est elle qui m'a prévenu. Elle t'attend.
_ Ecoute Syl, je suis partie et je ne reviendrais pas.
_ Sans elle tu serais morte. Ca mérite bien les quelques moments d'attention qu'elle te demande.
_ D'accord, je la verrai. Mais je te préviens que si elle tente de me coller une robe je fais un malheur.
La voleuse part dans un éclat de rire.
_ Allez viens. Ne restons pas là.
Sujet: Dyane : La traque 
Ven 19 Jan - 15:25
